Comme le veut la tradition, à mon tour de jouer à l’exercice rétrospectif. J’ai une petite différence de profil avec mes estimés collègues du blog : je fais ça un peu en dilettante et en électron libre, je ne fréquente pas les constructeurs, je ne vais sur aucune présentation presse, je ne vais pas non plus aux événements prestigieux genre Chantilly et je ne suis pas invité au Tour Auto. Profil bas, en quelque sorte, mais à chacun sa méthode et la mienne me convient très bien.
Ce qui ne m’empêche pas d’aimer farouchement l’automobile et d’essayer de faire au mieux pour retranscrire cette passion. Au-delà du plaisir ressenti au volant, j’ai tout autant d’intérêt pour la découverte d’une nouvelle motorisation, fut-ce un trois cylindres downsizé, qu’à essayer de comprendre le positionnement marketing et la cible éventuelle d’une nouvelle gamme telle la ligne Vignale de chez Ford.
Car pour faire le parallèle avec une autre de mes passions, la moto, le monde de l’auto a ceci de supérieur que ses avancées technologiques sont à la fois plus diverses et plus variées, que l’on considère l’évolution des aides à la conduite, des motorisations hybrides ou des types de transmission. Et si j’ai été un peu moins présent cette année sur le blog, principalement parce que j’ai un peu augmenté la part de mon activité consacrée à la moto moderne et beaucoup plus celle consacrée à la moto ancienne, c’est toujours avec un grand plaisir que je reprends un volant pour tenter de décerner ce que les constructeurs nous ont concocté. Voici donc le retour sur une année 2016 riche, malgré tout, en essais variés.
Janvier : découverte de la Mondeo Vignale
Trois essais publiés en janvier, ceux de la pétillante Opel Corsa OPC, de la Mazda 6 SW AWD emmenée sur la route des sports d’hiver quasiment sans neige, et surtout de la Ford Mondeo Vignale TDCi 210, à propos de laquelle j’avais trouvé un titre d’un humour délicat et sophistiqué à la fois : le haut de Cologne. Désolé, je suis assez fan du genre de blagues qui, en général, ne font rire que moi-même. Toujours est-il que j’avais bien kiffé cette Ford, hormis quelques détails plastico-disgracieux dans la console de bord, mais cette Mondeo surclassée est une excellente routière confortable et bien insonorisée, tandis que le duo TDCi 210 et boîte Powershift vous aident à faire passer les kilomètres en douceur. La Mondeo m’avait emmené dans le Sud avec un détour dans les gorges de l’Ardèche histoire de secouer un peu le châssis. Evidemment, en début d’année, on se posait des questions sur la capacité de Ford à vendre du haut de gamme à 50 000 €, mais fin 2016, des extensions Vignale sur le Edge et le Kuga ont été présentées. C’est qu’il doit y avoir du potentiel…
Février : en gros SUV, mais sur les batteries…
Un mois de février prolifique avec pas moins de quatre essais : le Ford S-Max TDCi 180, la Skoda Superb Combi TDI 150 Business, une véritable VRP mobile, la Honda Jazz CVT (une bonne petite auto desservie par une mauvaise transmission), mais mon coup de cœur du mois ira à la BMW X5 40e. Pour deux raisons : faire plus de 30 kilomètres en conditions réelles sur des batteries avec un gros SUV de plus de 2 tonnes, je trouve ça assez remarquable et ça permet de couvrir 75 % de mes déplacements parisiens les plus courants sans griller une goutte d’essence. Ensuite, parce que le 2 litres parvient à restituer une petite note d’échappement rageuse et que la puissance cumulée (313 chevaux) confère à ce gros bestiau un certain dynamisme quand on le bouscule. Et moi, avoir le beurre et l’argent du beurre, j’aime bien ça…
Mars : un mois écolo !
Du coup, j’enchaîne mon mois de mars sur une mouvance écolo. Certes, pas avec le Hyundai Veloster Turbo, mais avec les deux autres essais qui, chacun à leur manière, font montre d’une certaine efficience dans la façon de se mouvoir. En passant à 30 kWh, la Nissan Leaf garantit 200 kilomètres d’autonomie réelle et ça, pour moi, ça permet de passer un cap psychologique dans ma vie de francilien et de la considérer comme une vraie voiture. Quant à la Lexus RX 450h, encore plus en finition F-Sport, son look méchant masque un vrai velouté sur fond de V6, carrément addictif au quotidien…
Avril : on touche un peu à tout…
Halte aux cadences infernales ! Avec 5 essais, le mois d’avril a été chargé et a permis de se faire plaisir dans différents domaines. Curiosité avec la voiture de l’année, l’Opel Astra et son petit 3 cylindres 1.0 plutôt convaincant. Surprise, avec la nouvelle version du Mitsubishi Outlander PHEV, esthétiquement très proche de l’ancien, mais incomparablement mieux équipé et insonorisé que le précédent. Homogénéité avec la Renault Talisman dans cette version dCi 130. Perplexité avec le Honda HR-V 1.5 CVT, bien construit mais toujours desservi par cette satanée transmission qui tue le plaisir. Et rareté avec l’Audi A4 TFSI 252, que l’on croisera probablement très peu avec cette motorisation, qui lui confère pourtant un bel allant dans une certaine discrétion.
Mai : c’est si bon d’être surclassé !
Trois essais en mai, avec l’Infiniti Q30 1.5d dans une finition haut de gamme, mais hélas un peu sous-motorisée, et une très belle surprise avec la DS3 Performance au châssis bien affûté et au sex-appeal bien présent dans cette version Cabrio Black Special. Mais le moment ultime fut cette semaine passée en BMW 730 Ld xDrive, une vraie limo avec ses quatre sièges indépendants et tous les équipements nécessaires et encore bien d’autres superflus. Que dire devant une auto si superlative : le luxe et la volupté, c’est quand même bien…
Juin : une virée dans un bon vieux Toy
Les beaux jours reviennent et les road-trips à moto aussi. Deux grosses virées au programme : 2000 km en Victory Gunner et 4000 en Harley Road Glide. Du coup, ça laisse moins de temps pour faire de la voiture et je ne fais qu’un seul essai en juin. Une voiture de gentleman farmer : le Toyota Land Cruiser, mais quand même avec un gros V6 de 4.0, une motorisation anachronique dans notre beau pays autophobe et malussophile, qui plus est desservie par une vieille boîte auto à l’ancienne. Et pourtant : un certain charme pour cruiser en sérénité, avec les relances énergiques et métalliques du V6 au besoin…
Juillet : vive la Prius IV !
Trois essais au programme, celui du break de l’année, l’Opel Astra Sport Tourer dans sa version CDTI 136, de l’étonnante Subaru Levorg et une belle découverte : la Toyota Prius IV, qui fait disparaître dans quasiment la plupart des situations de conduite le bourdonnement de sa transmission par train épicycloïdal, et dont le nouveau châssis donne presque envie de se jeter dans les virages ! Si c’est ça être écolo, je signe tout de suite !
Août : le mois des loisirs
C’est les vacances et il faut quelques véhicules lifestyle pour coller à ce besoin de loisirs. Essai donc de la Renault Talisman Estate qui permet de bouger plein de choses dans son coffre grâce au souffle de son TCe 200, contrairement à l’Audi TT Roadster qui dans sa motorisation d’accès TFSI 180 mise plus sur son look que sur son dynamisme. Mais c’est pas grave, car le charme opère, et largement, même ! Et comme j’aime bien les pick-up pour leur polyvalence et le côté « truck » que l’on ressent à leur volant, essai des Ford Ranger WildTrack 3.2 TDCi ainsi que du Nissan Navara King Cab dCi 160, qui démontrent que ces engins sont devenus quasiment aussi fréquentables que des berlines classiques. Mais le kif du mois, c’est le comparo Harley-Davidson Tri-Glide versus Boss Hoss V8 5.7. Certes, ce sont des trikes, mais accessibles avec un simple permis auto, et dans le cas de la Boss Hoss, on se retrouve littéralement posé à califourchon sur le V8 avec plus de 385 chevaux sur le train arrière et aucune assistance électronique. Humilité requise, à moins d’aimer laisser de grosses traces de gomme partout !
Septembre : éclectisme, encore et toujours !
Encore un petit pick-up au programme, le Mitsubishi L200 qui lui aussi s’est totalement remis à jour et avec un agrément de conduite incomparablement supérieur ; comme le modèle précédent, on l’a utilisé pour tracter des motos pour se rendre sur un Rallye Routier et, chargé jusqu’au ras de la benne, la différence saute aux yeux en quelques centaines de mètres. On reste au Japon avec la Mazda 3 dans sa version 1.5d, qui devrait lui apporter plus de volumes de ventes et ce serait mérité. Découverte du Ford Edge en version TDCi 180, un peu sous-motorisé vu le gabarit du bestiau, mais étonnant de confort. Enfin, de passage dans l’Etat de Washington pour essayer des Harley-Davidson 2017 et leur nouveau V2 de 1850 cm3, j’ai le temps de passer au Musée de la voiture américaine de Tacoma, dans la banlieue de Seattle, et de vous faire partager quelques photos de ce bel endroit.
Octobre : le Nürburgring, autrement…
Je vous ai déjà parlé du Nürburgring puisque j’y suis déjà allé en Ford Focus ST ainsi qu’en Nissan 370 Z Nismo. Ainsi que dans d’autres circonstances.
Le Nürburgring, ça me pose problème : c’est objectivement dangereux, mais aussi terriblement attirant. Et puis l’autre difficulté, c’est que si on y emmène une voiture genre « GTI améliorée », elle finit assez vite par montrer ses points faibles au niveau du freinage, notamment. Et comme mon statut précaire de blogessayeur de base ne me permet pas de me faire prêter des McLaren pour un week-end au Nürb (en même temps, je leur ai pas demandé, ça pourrait passer sur un malentendu !), je me suis dit bêtement que la seule façon de continuer à rouler en ce lieu mythique et en recherchant l’adrénaline, était d’y aller à moto.
Du coup, j’ai pris une Yamaha R1. Pour ceux qui ne connaissent pas : un quatre cylindres de 999 cm3 calé « crossplane » (bruit sourd genre V4, peu souple à bas régime, coupleux au milieu et grosse traction haut dans les tours), qui développe 200 chevaux, prend 14000 tr/mn et pèse 200 kilos. Il y a aussi un ABS et un contrôle de traction paramétrable sur plusieurs niveaux, histoire d’assurer la sécurité. En tous cas, même si vous n’y connaissez rien à la moto, ne retenez que ces chiffres : 200 kilos, 200 chevaux !
Paradoxalement, il faut rouler vite à moto pour être en sécurité sur le Nürb : comme ça, vous évitez tous les pilotes du dimanche en BMW 328 rincée et qui vont vous doubler salement. Mais il n’empêche que l’intérêt d’y être allé avec deux types d’engin si différents est de mesurer l’écart des univers sensoriels. Je ne doute pas que la Nordschleife en GT3 RS un peu affûtée doit représenter une sorte de Nirvana. Mais à moins de 20 000 €, la moto est tout simplement imbattable. Car tout change : le rapport physique au danger, avant tout. En auto, je ne me suis jamais senti en vrai danger, jamais imaginé que je pouvais mourir (quelques-uns payent hélas leur tribut chaque année). Au pire, une aile froissée, au (vraiment) pire, les trois bandes dans le rail et des problèmes avec l’assurance ; pour le reste, y’a Mastercard. A moto, c’est différent, parce que les vitesses sont déjà plus élevées (une R1 passe de 0 à 200 en 10 secondes et les relances sont juste stratosphériques par rapport à 95 % des voitures) et que de sentir les rails à 1 mètre de soi, alors que l’on se bat pour rester accroché à la moto en passant sur des compressions à 240, c’est pas la même histoire. A condition d’aller vite, la gestion du trafic est beaucoup moins compliquée que dans une caisse de 250 chevaux, dans laquelle on se fait souvent doubler. Là, je ne me suis fait doubler que deux fois dans le week-end : une fois au freinage au Swedenkrauz, par une Nissan GTR, et une autre fois, un peu salement, par une M5 en bas de la descente d’Adenau, qui m’a fait un intérieur alors que je l’avais pas vue. Car la rétrovision est problématique en moto : en gros, on ne voit rien dans les rétros avec le cuir, on est tout le temps en train de bouger au guidon. Restent quelques moments de grâce : sentir l’odeur des plaquettes de frein dans la descente vers Adenau (les voitures souffrent dans cette section), prendre 300 dans la ligne droite finale alors que les autos en sont à tout faire refroidir, tandis que la moto encaisse ce genre de traitement sans broncher, être collé au cul d’une Porsche 911 turbo pendant presque un demi tour et finir par la choper au freinage à l’entrée du second carroussel. Bref, j’aurais aimé ne pas aimer… mais je sens bien que je vais devoir y retourner.
Mon photographe préféré m’avait accompagné sur place dans une Skoda Octavia RS 230 pour se faire des petits échanges de véhicules sur le trajet et aussi pour de basses questions logistiques (combinaison de cuir, sac photo, les girls…), ce qui a été l’occasion de faire des concours de Vmax sur l’Autobahn. Mais ce n’est pas du jeu, parce que la R1 prend déjà 265 en 4ème, alors que la Skoda avait du mal à prendre plus de 240 en 6, certes chargée…
Après ces sensations fortes, le reste du mois fut plus calme : BMW 318i et son petit 3 cylindres 1.5 de Mini, Citroën C4 Grand Picasso BlueHDi 150, un peu de commuting en Quadro4 accessible aux permis auto, et une virée en Lexus RC200t, tout simplement belle.
Novembre : hybride ou V6 compressé ? J’hésite… (en fait, non…)
Le mois de novembre commence de manière éco-responsable avec deux Kia hybrides, l’Optima hybride rechargeable et le Niro. Comme j’avais fait progresser mon propre éco-score, j’ai pu griller un petit peu d’essence supplémentaire avec l’essai du Jaguar F-Pace V6S. Et il faut reconnaître le talent de Jaguar pour faire des motorisations volubiles ! Avec ses 380 chevaux, le V6 compressé a non seulement la santé, mais il sonne vers 3000 tr/mn comme une vieille BMW M3 atmo et ça donne carrément la chair de poule en plus d’être audible à 2 kilomètres à la ronde. Nul doute : cet essai fut pour moi celui de l’auto la plus sympa de l’année. Ce qui ne m’a pas empêché d’apprécier, pour bien d’autres raisons, le Citroën Space Tourer HDI 180…
Décembre : des hommes et des voitures. Et deux chats.
Essai de deux autos familiales, le Ford S-Max Vignale TDCi 180 i-AWD et la Volvo V60 D4 Cross Country et son onctueux 5 cylindres Diesel que je regretterai. Mais les autos ne sont rien sans les hommes qui les font vivre et la rencontre avec le propriétaire de ce Messerschmitt KR 200 restera gravée dans nos mémoires, à Ben et à moi. On avait rendez-vous de 10 à 12 heures pour des photos et on est repartis à 15h30, après avoir partagé apéro, repas, café, photos de famille et moult anecdotes. Comme quoi la passion n’est pas liée à l’âge de l’engin, sa cylindrée ni même le nombre de roues. A méditer…
Photos : Gabriel Lecouvreur & Benoit Meulin
Remerciements :
Merci à Gonzague de m’avoir laissé entrer au blog un soir d’hiver 2014, merci à mes estimés collègues de tolérer ma présence dilettante, merci à mon photographe préféré Benoît Meulin (www.bluedoorprod.fr) de si bien mettre en image la plupart de ces essais, merci à la porte bleue d’être là où elle est et à la Ferrari blanche d’en face de tolérer nos stationnements à l’arrache, gros merci aux constructeurs pour le prêt de tous ces véhicules et surtout, merci à vous chers lecteurs de nous suivre régulièrement sur cet espace de partage de la passion automobile.